A l’occasion de la journée mondiale contre les violences sexuelles, la CGT interpelle le gouvernement et le patronat. Ce matin, 2 études confirment l’urgence à agir pour faire cesser les violences sexistes et sexuelles au travail et dans la vie :
– l’enquête du Conseil Supérieur de l’Egalité Professionnelle (CSEP), dans laquelle 74% des femmes non cadres et 80% des femmes cadres déclarent être victimes de sexisme au travail ;
– l’enquête VIRAGE, menée par l’Institut national d’études démographiques (INED) dans laquelle 14,5% des femmes déclarent avoir été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie (viol ou agression sexuelle) et 1,8% des femmes déclarent que ces violences se sont déroulées sur leur lieu de travail ;
Tous les 2,5 jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint, en France.
Ces violences ont des conséquences très graves sur la santé et remettent frontalement en cause le droit au travail des femmes, les victimes perdant très souvent leur emploi par licenciement ou démission. Pourtant, la question des violences sexistes et sexuelles au travail est absente de tous les radars : rares sont les lieux de travail où il existe une évaluation des violences, de la prévention ou, encore, des négociations sur le sujet. Pire, l’austérité et les coupes dans les dépenses publiques fragilisent la prise en charge des victimes. Pourtant, le gouvernement se contente de faire de la communication et le Medef bloque tout dispositif contraignant sur le sujet, alors qu’il s’agit de la responsabilité des employeurs de garantir la santé et la sécurité sur les lieux de travail.
Depuis plusieurs années, la CGT exige, aux côtés des associations féministes, la mise en place d’un plan d’ensemble de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Quand cessera-t-on de tolérer de telles atteintes à la dignité des femmes ?
Nous demandons notamment :
• le déblocage de moyens humains et financiers pour garantir un accueil dédié dans les commissariats, développer l’offre de logement, renforcer les moyens des associations, augmenter le nombre et la formation des personnels sociaux et d’éducation et prendre gratuitement en charge les soins pour les femmes victimes et leurs enfants ;
• l’ajout d’un thème obligatoire de négociation dans l’entreprise sur les violences sexistes et sexuelles, pour mettre en place des mesures de prévention et de protection pour les victimes, que les violences soient commises par un autre salarié, usager ou client ou hors travail (conjugal…) ;
• l’obligation de mettre en place un lieu d’accueil et une procédure de signalement sur chaque lieu de travail ;
• une obligation de formation des managers, personnels RH et encadrants ;
• la protection du droit au travail des victimes, avec une protection contre le licenciement, un droit à la mutation, au changement de poste, à la réduction ou réorganisation du travail, la possibilité de démissionner sans préavis ou de suspendre son contrat de travail en bénéficiant des allocations chômage ;
• le lancement d’une grande campagne de sensibilisation contre les violences sexistes et sexuelles, le développement d’une éducation non sexiste, la lutte contre le sexisme dans les medias… ;
• l’adoption d’une norme Organisation Internationale du Travail (OIT) et d’une directive européenne contre les violences sexistes et sexuelles au travail et pour préserver les travailleuses des effets de violences intrafamiliales.
La CGT s’inquiète des remises en cause des droits des femmes dans le monde. Elle tient en particulier à soutenir la mobilisation des femmes turques contre le projet de loi visant à légaliser les violences sexuelles sur les mineures.
La CGT appelle les salarié-e-s à se mobiliser sur leur lieu de travail et dans la rue pour mettre fin à la loi du silence et faire changer la honte de camp. A Paris, la CGT appelle à manifester aux côtés des associations féministes le 25 novembre à 18h30 de Bastille à République.
Montreuil, le 24 novembre 2016.