La cour criminelle du Vaucluse a jugé coupables Dominique Pelicot et les 50 autres prévenus.Au terme de trois mois et demi d’un procès particulièrement éprouvant pour Gisèle Pelicot et ses proches, la Coalition féministe pour une loi cadre intégrale contre les violences sexuelles apporte son soutien et sa solidarité envers toutes les victimes de violences sexuelles.
A Gisèle Pelicot, nous souhaitons exprimer notre admiration et notre reconnaissance. Elle a été tout au long de ce procès une figure d’humanité et de courage, et sa volonté de refuser le huis clos a contribué à ouvrir les yeux de la société toute entière sur la réalité des violences sexuelles. Nous exprimons également toute notre sororité à Caroline Darian, sa fille, convaincue d’avoir été elle aussi droguée et violée par Dominique Pelicot. Nous la croyons.
Ce procès historique par son ampleur et sa gravité a mis la société française et le monde entier face à l’impunité dont jouissent l’immense majorité des auteurs de violences sexuelles.
C’est pour combattre l’impunité des agresseurs et éradiquer les violences que les 63 organisations de la Coalition féministe portent une demande de loi-cadre intégrale contre les violences sexuelles : 140 propositions rendues publiques le 21 novembre dernier.
Le procès des viols de Mazan qui s’achève montre l’urgence de l’adoption d’une telle loi : les faits jugés dans le Vaucluse témoignent de la banalité effroyable des violences sexuelles, permises par la diffusion d’une culture de la haine et de la déshumanisation des femmes et de l’érotisation des violences à leur encontre. La culture du viol a aussi imprégné les débats judiciaires : qu’il s’agisse des accusés qui ont osé prétendre n’avoir pas été “conscients” qu’ils commettaient un viol, ou des expert.es et des avocat.es qui ont évoqué des “pulsions” et des “besoins sexuels” alors même que ces viols ont tous été le résultat d’une planification minutieuse et d’une préméditation évidente.
Ce n’est plus acceptable.
Les 140 propositions de la coalition féministe, nourrie du travail et l’expertise des associations membres répondent aux questions soulevées par ce procès hors-norme :
Pour mettre fin à la culture du viol : avec l’application effective de la loi sur l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle et à l’égalité filles-garçons et la formation et spécialisation de l’ensemble des acteurs,
Pour améliorer le parcours judiciaire des victimes et notamment dans les cas de soumission chimique comme l’ont subie Gisèle Pelicot et Caroline Darian. Cela passe par l’amélioration du recueil des preuves et de l’accès facilité aux prélèvements médico-judiciaires pour toutes les personnes qui soupçonnent avoir été victimes de soumission chimique. Il est urgent de restaurer la confiance des victimes dans la justice.
Ces mesures deviennent urgentes alors que l’embolie judiciaire pénalise encore la grande majorité des victimes de violences sexuelles : en 2020, 94% des plaintes pour viol étaient classés sans suite.
Les médias du monde entier sont présents à Avignon : la France doit être à la hauteur et tirer toutes les conséquences de ce procès historique. La coalition appelle les pouvoirs publics à se saisir de la proposition de loi intégrale et d’y associer tous les moyens nécessaires pour éradiquer véritablement et durablement les violences et dire aux victimes qu’elles ne sont plus seules. Alors qu’un nouveau Gouvernement doit être nommé, les membres de la coalition féministe rappellent qu’un ministère de plein exercice chargé des droits des femmes et de l’égalité femmes-hommes est la condition préalable et nécessaire à toute politique ambitieuse de lutte contre les violences.
Retrouvez les 140 propositions
Les membres de la Coalition Féministe