Ce mardi 11 juin Emmanuel Macron était en visite à l’OIT et y a prononcé un discours en pleiniere. À l’image de ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande et comme il l’a lui-même reconnu, il a joué « le crypto-marxiste à Genève tout en faisant le contraire à Paris » expliquant que « le modèle néolibéral, le capitalisme d’accumulation et la financiarisation des économies ont amené les crises et les inégalités des dernières décennies ». On croit rêver.
Avant cela, il a généreusement consacré 45 minutes de son agenda à un échange minuté avec les acteurs sociaux. L’occasion pour la CGT de l’interpeller sur des points précis. D’abord le fossé entre les discours et les actes. La France a été depuis 12 ans visée par 4 plaintes pour infraction des normes OIT. Deux ont été jugées et ont abouti à la sanction de la France (sur le CNE et le droit de grève), deux sont en instruction, sur la hiérarchie des normes et le plafonnement des indemnités prud’homales. Elle a aussi été rappelée à l’ordre par l’ONU et le conseil de l’Europe sur le respect des libertés fondamentales.
Enfin, nous avons insisté sur la négociation en cours sur la convention sur les violences sexistes et sexuelles pour préciser le mandat de la France. En effet, dans la presse, le gouvernement indiquait lundi que « le projet de texte était trop contraignant » avec la volonté d’empêcher que la convention ne contraigne la France à revoir sa législation. Parmi les sujets n’existant pas dans la loi française : la protection des victimes de violence conjugales pour laquelle le projet de texte prévoit la mise en place de congés payés, de protection contre le licenciement, de droits à la mobilité et à l’aménagement d’horaires.
Ne pouvant pas assumer publiquement de bloquer de telles mesures, Emmanuel Macron a, dans son discours en pleiniere, expliquer soutenir sans ambiguïté ni réserve le projet de texte.
Personne ne sera dupe sur la tentative du pouvoir de se refaire une virginité d’un point de vue social. Par contre, nous lui avons arraché une clarification de la position de la France, indispensable pour gagner des textes de haut niveau.
Voir le communiqué de presse d’interpellation sur les violences
https://www.cgt.fr/comm-de-presse/centenaire-de-loit-il-est-temps-de-proteger-toutes-les-travailleuses-du-monde-des
Voir le communiqué de presse sur l’OIT
https://www.cgt.fr/comm-de-presse/macron-discours-de-geneve-faites-ce-que-je-dis-pas-ce-que-je-fais
Voir le courrier de la CGT à l’attention de Muriel Pénicaud du 11 juin 2019 PENICAUD M. – OIT Convention contre violences et harcèlement – 11 06 2019