Notre camarade Mathilde nous a quitté·e·s en août dernier. Comme beaucoup de salarié·e·s, Mathilde n’aura malheureusement pas beaucoup profité de sa retraite. Contrainte de travailler jusqu’à 66 ans pour compenser sa carrière précaire, elle s’est éteinte à peine deux ans après. Née au Cameroun, Mathilde est arrivée en France à 28 ans, en 1982.
Elle enchaine les boulots précaires dans le commerce et se fait vite remarquer pour sa combativité. Syndiquée CGT, elle mène la lutte contre la fermeture de son enseigne, et entraine les salarié·e·s qui se mettent en grève et occupent le magasin. Grâce à son combat, tous les emplois sont maintenus et l’ensemble des salarié·e·s sont repris·es. Sa ténacité est remarquée par la CGT du Val de Marne qui lui propose de prendre la responsabilité de l’US commerce, et de coordonner tous les salarié·e·s du commerce du département. Mathilde accepte, et développe les luttes et la syndicalisation, notamment chez les femmes.
Ces succès lui valent d’être élue au bureau de l’Union Départementale CGT du 94…puis, au grand regret des camarades du Val de Marne, d’être débauchée par la confédération en 2000 pour mettre en place le nouveau collectif « Femmes mixité ». Travaillant notamment avec Maïté Lassalle, Frédérique Dupont, Ghislaine Richard, Maryse Dumas, Marie-France Boutroue, Rachel Silvera, Céline Verzeletti, Sophie Binet et Sylvie Burdett, elle développe l’activité féministe de la CGT tous azimuts. Cheville ouvrière du collectif Femmes mixité, elle siège, face aux ministres, au conseil supérieur à l’égalité professionnelle et représente la CGT dans les multiples collectifs et intersyndicales féministes. Avec la FSU et Solidaires, elle participe au nom de la Cgt à la création des intersyndicales femmes qui réunissent chaque année 400 syndicalistes pour débattre des enjeux féministes et sociaux. A l’occasion du sommet de l’ONU consacré aux femmes, Mathilde représente la CGT jusqu’à Pékin et New York.
Elle assure le lien et le soutien des référent·e·s femmes mixité des fédérations, unions départementales et syndicats, et organise les stages de formation du collectif. Forte tête, connue pour ne rien lâcher, Mathilde était très attachée à la CGT et son parcours incarne le féminisme lutte des classes de la CGT.
Discrète sur sa vie privée, Mathilde n’était pas la dernière à faire la fête et était aussi la pièce maitresse des temps conviviaux.
Chère Mathilde, tu es partie trop tôt et tu nous manques déjà. Ta famille et tes proches peuvent être fier·ère·s de tout ce que tu as apporté à la lutte sociale et féministe.