Le nouveau ministre des Solidarité, de l’Autonomie et des Personnes Handicapées, Damien ABAD, est visé, à ce stade, par des accusations de viols, dont un dépôt de plainte, et d’agressions sexuelles portées par trois femmes, ce qui n’a pas freiné sa nomination, puis sa confirmation au gouvernement.
La présomption d’innocence doit évidemment être respectée, comme pour n’importe quel justiciable. Mais ce principe ne saurait s’opposer à ce que la question du maintien de Damien ABAD dans ses fonctions actuelles soit clairement posée. Il convient en effet de distinguer les droits de l’individu mis en cause et la compatibilité des accusations dont il fait l’objet avec les fonctions qu’il occupe, ces dernières dépassant sa propre personne et engageant tout un ministère, une administration publique et les agents à son service.
Le maintien du ministre dans ses fonctions envoie du plus haut niveau de l’Etat, des signaux d’impunité pour les hommes accusés de violences sexistes et/ou sexuelles, ainsi que pour leurs soutiens.
Cette situation rejaillit tout particulièrement sur les collègues délégué.e.s du réseau des droits des femmes, qui sont affecté.e.s dans des services relevant de la tutelle de son département ministériel (DDETS-PP, DREETS et DGCS) et qui travaillent au quotidien sur les problématiques des violences sexistes et sexuelles au nom de l’Etat.
Si le Président Macron entend réellement faire de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles une grande cause nationale, il doit prendre des actes politiques clairs en commençant par démettre de ses fonctions ce nouveau Ministre. C’est ce que demande la CGT des Ministères Sociaux !
En France, 70 % des plaintes sont classées, et moins de 1 % aboutissent à des condamnations. Ce constat doit également être éclairé au regard des quelques 170 viols ou tentatives de viols qui ont lieu chaque jour en France et des 20% de femmes victimes de harcèlement sexuel au travail (Source DARES et INSEE). L’ampleur de ces violences n’est pas digne d’une société moderne et réclame des actes politiques forts. Alors que la mobilisation #MeToo a permis une prise de conscience, les actes du Président sont en pleine contradiction avec ses paroles et résonnent comme une provocation.
Il faut envoyer un signal clair pour dire aux responsables politiques mis en cause pour violences sexistes et sexuelles qu’ils ne sont plus protégés et qu’ils ne peuvent plus occuper de hautes fonctions dans les institutions de la République.
Il faut envoyer un signal clair pour dire aux victimes que leur parole sera prise en compte et qu’elles seront accompagnées et protégées, quelles que soient la nature des fonctions et la notoriété de leur agresseur présumé.
Et il faut donner des moyens aux services en charge de ces questions. C’est une imposture de prétendre lutter contre les violences sexuelles au travail tout en sabrant les effectifs des agents chargés de sensibiliser ou de veiller au respect des droits des femmes victimes de tels agissements.
La CGT des Ministères Sociaux réaffirme son entière solidarité avec toutes les femmes victimes d’actes sexistes et d’agressions sexuelles et demande que le ministre Damien ABAD soit démis de ses fonctions.