Avec Sophie Binet à la tête de la CGT et Marylise Léon qui prendra les rênes de la CFDT en juin, les principaux syndicats français sont ou seront bientôt dirigés par des femmes. Mais y a-t-il une réelle féminisation du syndicalisme au-delà de ce symbole ?

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sous-les-radars/syndicalisme-au-feminin-une-nouvelle-grammaire-du-pouvoir-9147896

Avec

  • Cécile Guillaume sociologue, maîtresse de conférences à l’université de Surrey (Royaume-Uni) et professeur affiliée à Sciences Po

« Le syndicalisme est fait pour et par les femmes… » Si ce propos de Marylise Léon, future secrétaire générale de la CFDT au micro de nos confrères de Quotidien, peut sembler évidente au 21e siècle, force est de constater que cela n’aura pas été visible durant ce conflit sur la réforme des retraites.

Ainsi les conférences régulières de l’intersyndicale donnaient à voir une photo de famille lourde de symboles. Sur l’estrade où se tiennent les adresses à la presse, sept hommes et une seule femme, Murielle Guilbert, co-déléguée générale de l’union syndicale Solidaires… Un cliché, au sens propre et figuré. Désespérément masculin, et totalement anachronique quand les enjeux de cette réforme pour les femmes furent absolument centraux dans les débats. A tel point que Murielle Guilbert, s’est fendue d’une tribune coup de gueule dans les colonnes de Libération titrée « je ne veux plus être la seule femme sur la photo ! »

Serions-nous dès lors aujourd’hui à l’aune de mutations profondes dans les organisations représentatives des salariés ?

Marylise Léon deviendra la numéro 1 de la CFDT en juin prochain, quand Sophie Binet a raflé contre toute attente le poste de secrétaire générale de la CGT après un congrès plus que mouvementé.

Comment lire ces changements d’organigrammes ? Peut-on s’attendre à un exercice du pouvoir féminin, voire, féministe ? Et qu’est-ce que cela peut signifier dans les luttes syndicales de terrain où ces femmes ont souvent été particulièrement invisibilisées ?

A l’heure où des revendications spécifiques dans le travail se font jour, à l’image des congés menstruels ou du « genre du capital », faut-il y voir une prise de conscience que ces luttes féministes doivent trouver un prolongement dans le milieu professionnel ? Ou peut-on s’attendre à une nouvelle grammaire du pouvoir ?

Pour aller plus loin :

Les références de l’ouvrage de Cécile Guillaume : Syndiquées, défendre les intérêts des femmes au travail, publié aux Presses de Sciences Po en 2018

Marylise Léon, une négociatrice «proche des gens» pour reprendre les rênes de la CFDT, article publié dans Libération

Sophie Binet à la tête de la CGT, une avancée pour l’égalité dans les syndicats, article publié dans Alternatives Economiques